Lecture estivale
Belle du Seigneur
Albert Cohen
Folio 1104 pages
et de quoi occuper les journées farnientes
Editions orginales Gallimard 1968
"Solennels parmi les couples sans amour, ils dansaient d'eux seuls préoccupés, goûtaient l'un à l'autre, soigneux, profonds, perdus. Béate d'être tenue et guidée, elle ignorait le monde, écoutait le bonheur dans ses veines, parfois s'admirant dans les hautes glaces des murs, élégante, émouvante, exceptionnelle, femme aimée, parfois reculant la tête pour mieux le voir qui lui murmurait des merveilles point toujours comprises, car elle le regardait trop, mais toujours de toute son âme approuvées, qui lui murmurait qu'ils étaient amoureux, et elle avait alors un impalpable rire tremblé, voilà oui, c'était cela, amoureux, et il lui murmurait qu'il se mourait de baiser et bénir les longs cils recoubés, mais non pas ici, plus tard, lorsqu'ils seraient seuls, et alors il murmurait qu'ils avaient toute la vie, et soudain elle avait peur de lui avoir déplu, trop sûre d'elle, mais non, ô bonheur, il lui souriait et contre lui la gardait et murmurait tous les soir ils se verraient"
Ariane devant son seigneur, son maître, son aimé Solal, tous deux entourés d'une foule de comparses : ce roman c'est rien de moins que le chef-d'oeuvre de la litérrature amoureuse de notre époque.
Albert Cohen, Poète, romancier et dramaturge suisse
Né à Corfou, Grèce le 16 Août 1895
Décédé à Genève le 4 Octobre 1981 Auteur, avec 'Belle du seigneur', de l'un des plus grands romans d'amour du XXe siècle, Albert Cohen reçoit en 1968 le Grand prix de l'Académie française pour cet hymne à la femme.
Si la beauté féminine inspire une grande partie de son oeuvre, c'est avant tout le sentiment d'exclusion et l'amour du peuple juif qui fondent son besoin d'écrire.
Albert Cohen était un homme singulier entretenant avec le monde des hommes une distance courtoise. A son image, adulé pour le style ou détesté pour sa pudeur exacerbée, 'Belle du seigneur' est un livre difficile, inclassable mais jubilatoire pour qui prend la peine de s'y arrêter. Publiée en mai 1968 et récompensée par l'Académie française en novembre de la même année, cette oeuvre monumentale a intégré l'espace tant convoité des incontournables de la littérature.source